Le médecin généraliste face à la consommation de cannabis

 Le médecin généraliste face à la consommation de cannabis

Introduction

Le médecin généraliste face à la consommation de cannabis
La consommation de cannabis a considérablement augmenté en France depuis une dizaine d’années principalement chez les jeunes. La proportion de jeunes de 17 ans ayant expérimenté le cannabis est passée d’un sur cinq en 1993 à un sur deux en 2005. La diffusion du cannabis est donc actuellement très forte dans notre société. L’usage régulier, c’est-à-dire plus de dix fois par mois, concerne un jeune de 17 ans sur dix en 2005. Le caractère nocif de la consommation de cannabis n’est pas défini par la fréquence de consommation mais il est généralement admis qu’une consommation régulière est susceptible de correspondre à un usage nocif.

Indépendamment des considérations idéologiques qui parasitent fréquemment le débat, un consensus scientifique se dégage actuellement sur la dangerosité de la consommation de cannabis.

Dans la première partie de ce travail, nous avons réalisé une revue de la littérature concernant les données récentes sur le cannabis : les dernières données épidémiologiques, l’aspect biologique du produit, le système endocannabinoïde et les mécanismes de l’addiction, les risques cliniques.

Si l’expérimentation de cannabis s’est généralisée, le passage à un usage régulier reste limité. L’engagement dans une consommation régulière s’inscrit dans des contextes personnels et environnementaux particuliers. Quelques notions concernant la psychopathologie de l’adolescence seront exposées pour comprendre les principaux facteurs de risque et de vulnérabilité qui peuvent conduire à un usage nocif de cannabis. Il s’agit, pour le médecin généraliste, de repérer les adolescents les plus fragiles, ceux qui sont susceptibles de s’engager dans une consommation régulière et donc potentiellement nocive.

Le médecin généraliste est probablement le mieux placé pour détecter les jeunes « à risque » du fait des caractéristiques de son activité. Il existe peu de données sur les pratiques des médecins généralistes en matière de dépistage de l’usage de cannabis chez les adolescents. Il s’avère que l’usage nocif de cannabis est le plus souvent repéré à l’occasion d’une complication ou d’une co-morbidité ce qui suggère qu’un dépistage préalable n’a pas été effectué.

Notre étude a eu pour objectif d’explorer l’attitude pratique des médecins généralistes en matière de dépistage de la consommation de cannabis. Aborder la question du cannabis en consultation ne va pas de soi et se heurte à plusieurs difficultés. Nous avons cherché à comprendre pourquoi ce dépistage est rarement effectué en pratique courante de médecine générale. Une plus grande compréhension de ce phénomène pourrait permettre de proposer des outils adaptés pour remédier à cette situation.